Bracco et Limula, deux entreprises membres de l’Association Alliance, obtiennent un financement Innosuisse pour un projet commun avec l’Université de Fribourg: OnePot. Un projet qui, grâce à la complémentarité de deux technologies innovantes, permettra d’améliorer la production des thérapies cellulaires et géniques personnalisées.
C’est au détour d’un blog en 2022 que Samir Cherkaoui, chercheur au département R&D de Bracco, découvre les activités de Limula, une entreprise lausannoise spécialisée dans le développement de solutions automatisées pour la production de thérapies cellulaires et génétiques. Bracco, quant à elle, développe et produit des agents de contraste destinés à l’imagerie médicale. Une première réunion a lieu avec Luc Henry, CEO de Limula, Samir Cherkaoui et Thierry Bettinger, Directeur du Centre de recherche Bracco de Genève. Chacun présente son approche et c’est le déclic: leurs technologies se révèlent hautement complémentaires. Bracco souhaite étendre l’usage de ses agents de contraste à d’autres applications que l’imagerie médicale, tandis que Limula recherche activement des partenaires offrant des réactifs à utiliser en combinaison avec leur machine de production. C’est ainsi qu’est né le projet OnePot.
Des technologies complémentaires
Les thérapies cellulaires et géniques représentent une révolution médicale, mais leur usage reste encore limité par une production complexe et onéreuse. Ces traitements personnalisés sont fabriqués à partir des cellules de chaque patient·es, un processus délicat qui nécessite de nombreuses manipulations en laboratoire et un maintien strict de la stérilité. En particulier, la sélection et l’activation des cellules d’intérêt sont des étapes critiques. C’est à ce moment que la collaboration entre les deux entreprises prend tout son sens. Les microbulles produites par Bracco peuvent modifier la densité des cellules, ce qui permet de les isoler dans une mixture complexe comme le sang, avant de les activer pour provoquer leur multiplication. Cependant, les microbulles ne peuvent pas être utilisées seules: leur mise en œuvre nécessite un processus manuel, difficilement compatible avec une utilisation en clinique. C’est là qu’intervient la plateforme d’automatisation développée par Limula.
«Intégrer la technologie des microbulles de Bracco, utilisées dans l’imagerie médicale depuis plus de vingt ans, aux instruments créés par Limula offre une approche convaincante pour améliorer la fabrication de thérapies cellulaires, dans le but de rendre l’accès à ces traitements plus abordables pour les patient·es, explique Thierry Bettinger.» En combinant les microbulles comme réactif avec la plateforme de Limula, le processus est automatisé et peut être utilisé en milieu hospitalier. Cela facilitera ainsi l’accès aux thérapies cellulaires, utilisées pour combattre le cancer ou les maladies auto-immunes. Les tests qui permettront de démontrer l’efficacité de cette collaboration seront réalisés à l’Université de Fribourg par le professeur Nicola Vannini, expert de la physiologie et du métabolisme des cellules immunitaires.
La thérapie cellulaire et génique est un domaine médical émergeant et extrêmement complexe, qui nécessite des compétences variées, ainsi que des outils et des méthodes complémentaires. La collaboration est une nécessité pour un succès collectif et un réel bénéfice pour les patient·es.
Constituer le dossier Innosuisse
Bracco, comme Limula, sont toutes deux membres de l’association Alliance. «Au début, Alliance nous a aidés à familiariser nos équipes aux financements publics, suisses ou européens, se souvient Thierry Bettinger. Puis en début d’année, nous avons obtenu un premier projet financé par Innosuisse avec le soutien d’Elise Gortchacow.» Du côté de Limula, en tant que start-up deep tech, la recherche de fonds fait partie de leur ADN et ils ont déjà obtenu plusieurs Innosuisse avec le soutien d’Alliance. «Même si nous sommes habitués à établir des partenariats et écrire nos propositions de recherche et développement, Alliance nous aide à améliorer la description des aspects innovants dans une application Innosuisse, ce qui nous permet de nous assurer que notre proposition est bien conçue et compréhensible, explique Luc Henry.»
Souvent, un projet Innosuisse sert à élaborer une nouvelle solution, à améliorer une technologie ou à valider l’apport d’une innovation pour la société. «Jusqu’à maintenant, nous cherchions des fonds pour développer notre propre produit. Nous sommes à un stade où nous devons documenter et valider sa performance dans une application concrète, explique Luc Henry. Collaborer avec Bracco et l’Université de Fribourg a une grande valeur pour nous.» Pour le montage du dossier Innosuisse, les deux entreprises font appel à l’expertise d’Elise Gortchacow. Elle contribue à restructurer et affiner la proposition de projet, en ajustant les descriptions, mettant l’emphase sur les aspects scientifiques ou commerciaux. Le projet est soumis au début du printemps de cette année et accepté, il a démarré mi-octobre 2025 pour une durée de deux ans.
Nous n’étions pas encore familiarisés avec la préparation de dossiers pour des financements Innosuisse, mais ces projets offrent l’opportunité de créer des collaborations et d’acquérir rapidement des connaissances que nous ne pourrions pas développer seuls.
Collaborer avec les institutions académiques
Qu’il s’agisse d’une grande entreprise telle que Bracco ou d’une petite structure comme Limula, les fonds publics et la collaboration avec les institutions académiques jouent un rôle de catalyseur pour la mise en œuvre de projets d’innovation. C’est une phase indispensable à la réduction du risque d’une invention, pour laquelle ils n’ont pas nécessairement les fonds, l’infrastructure ou les compétences à l’interne. «Cet accès à une expertise extérieure n’a pas de prix, explique Luc Henry.» «Les partenariats public-privé soutenus par Innosuisse sont bénéfiques pour tous, souligne Thierry Bettinger. Ils valorisent l’expertise académique tout en soutenant les entreprises et l’économie dans la création de solutions. Nous souhaitons continuer à développer ce type de projets dans les années à venir.»
Bracco Imaging en bref
Fondation: 1927
Siège social: Milan (Italie)
Équipe: env. 3’900
Site Internet: bracco.com

